jeudi 13 avril 2017

"Je suis ton soleil", de Marie Pavlenko

Déborah vit à paris avec son père, un rédacteur en chef surbooké, et sa mère, une femme plutôt distante et qu'elle sent s'éloigner de plus en plus. Elle s'apprête à rentrer en terminale. Elle croit à la théorie de la scoumoune qu'elle a pu tester à de nombreuses reprises : d'ailleurs, le théorème de la scoumoune a encore frappé en ce jour de rentrée des classes puisque Isidore, son "chien-clochard", lui a mangé sa dernière paire de chaussures. Malgré ce fameux théorème et le bac en ligne de mire, Déborah espère passer une bonne année. Elle déchante un peu lorsqu'elle apprend qu'elle n'est pas dans la classe de sa meilleure amie Éloïse; pire, elle se retrouve avec la peste du lycée, Tania, et un garçon bizarre, passionné par les araignées, qu'elle et Éloïse ont surnommé Mygaleman. Il y a aussi un petit nouveau, Victor, qui ne la laisse pas indifférente... Cette année, sera en fait l'année du changement pour Déborah, et même de grands bouleversements: sa meilleure amie n'a plus d'yeux que pour son nouveau mec et Déborah ne la voit presque plus, surtout, elle surprend son père dans les bras d'une autre femme. Effondrée, elle trouve du réconfort dans d'inattendus nouveaux amis : Jamal, alias Mygaleman, et le beau Victor. Entre rires et pleurs, euphorie et désespoir, Déborah va vivre une année en forme de montagnes russes et notre pauvre cœur de lecteur va être bien mal mené lui aussi!

Attention, gros gros GROS coup de cœur pour ce fantastique roman!  Aussi à l'aise lorsqu'il s'agit d'aborder des sujets graves (comme le suicide ou l'avortement) que des thèmes plus légers, Marie Pavlenko, qui a mis plusieurs années avant de terminer ce roman, m'a touchée en plein cœur. Grâce à des personnages forts et touchants, notamment celui de Déborah, qui ne perd jamais son sens de l'humour, le roman atteint une vraie densité. Marie Pavlenko signe une très belle histoire sur l'adolescence, cette période si riche en émotions qui chamboulent toute notre vie. Ici, point de romance gnian-gnian à l'eau de rose, se sont surtout l'amitié et l'entraide qui sont au cœur de cette histoire. Sans jamais tomber dans la démonstration, l'auteur nous parle avec subtilité de l'amour, celui qu'on ressent pour ses parents, pour nos amis ou pour une personne en particulier. L'amour filial ou l'amour sans retour, celui qui se termine ou celui qui grandit. Tout cela toujours dans la légèreté et ponctué de passages hilarants (j'ai particulièrement apprécié la rencontre entre Déborah et Gertrude la mygale ou encore celui où elle teste le yoga avec sa mère!) Un page turner aussi désopilant qu'émouvant, qui se dévore en quelques heures ou plus, si on veut faire durer le plaisir!

"La prof arrive et, comment dire... Je suis face à un hobbit affublé de jambières rose bonbon. Frodo avec une perruque et une tenue sportive moulax.
Et vas-y que je tends la jambe, que je la fais passer sous mon aisselle et ressortir sous le menton, que j'inspire hiiiiiiiiiiiin, que j'expire pffffffffffff. Et on enchaîne : la position du héron ventripotent, le mulot crucifié, le bouc unijambiste. Oui, c'est bien, ton mollet doit entrer en fusion avec ton esprit. C'est bon pour ton karma. 
J'aime ma mère, j'essaie d'adopter un visage neutre, voire encourageant, mais la vérité est simple : le yoga, ce n'est pas pour moi."  

Je suis ton soleil, Marie Pavlenko, Flammarion jeunesse, 2017
(466 pages)