samedi 21 novembre 2015

"La Belle et le fuseau", de Neil Gaiman et Chris Riddell

Il était une fois, dans un royaume lointain, trois nains partis en voyage retournent auprès de leur princesse. Ils l'informent alors que, non loin de leur royaume, une contrée est victime d'une étrange épidémie qui progresse rapidement et menace de les toucher à leur tour : un sommeil éternel! On raconte qu'une mauvaise fée serait à l'origine de ce mal et que quiconque tenterait de rompre le sort, en réveillant une belle endormie, sombrerait lui aussi dans ce profond sommeil. La Princesse, pourtant sur le point de se marier, n'hésite pas une seconde, elle enfourche sa monture et part avec les nains pour contrer l'épidémie. Elle qui a dormi durant une année entière, ne craint nullement la maladie du sommeil ! Mais la route est longue et semée d'embûches, et la belle qui dort d'un sommeil sans fin, tout en haut du Donjon, n'est peut-être pas l'innocente que l'on croit!
                
Avec Neil Gaiman à la plume et Chris Riddell au crayon, ce livre ne pouvait être qu'un enchantement! Ici, le maître du fantastique et de l'étrange s'empare, vous l'aurez compris, du célèbre conte de Perrault La Belle au bois dormant et le réinvente d'une façon surprenante. Mélangeant les genres et les références, l'auteur à l'univers bien particulier, crée une ambiance à la fois merveilleuse et inquiétante : les nains rappellent le nain Gimli du Seigneur des anneaux et les courtisans endormis du royaume maudit ont un petit côté zombie ! Par ailleurs, les illustrations de Chris Riddell se marient parfaitement au récit y apportant la touche de gothique ! 

La Belle et le fuseau est un conte comme on les aime avec, en prime, une héroïne moderne et une fin inattendue. Une réussite! 

La Belle et le fuseau, Neil Gaiman, Chris Riddell, Albin Michel, 2015

mercredi 18 novembre 2015

"Phobos, tome 1 : les Ephémères" de Victor Dixen

Tout semble déjà avoir été imaginé en terme de rencontre-matrimoniale à la télé : de l'île paradisiaque aux prairies ensoleillées, en passant par le soit disant "prince charmant" à conquérir et j'en passe...tout est bon pour faire de l’audimat! Mais personne encore n'avait pensé à envoyer des célibataires et des caméras dans l'espace! C'est donc chose faite grâce à Victor Dixen et son nouveau roman SF Phobos
             
Ils sont 12 candidats, 6 filles d'un côté, 6 garçons de l'autre. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils viennent des quatre coin du globe, ils n'ont aucune attache et la vie sur Terre ne les intéresse plus pour diverses raisons. Tous partent sur Mars, ou plutôt sur son satellite Phobos, pour un voyage sans retour mais filmé 24 heures sur 24. A la clé : la célébrité, une nouvelle vie et surtout la promesse d'un mariage et d'une vie heureuse avec beaucoup d'enfants ! Un conte de fée? Rien n'est moins sûr car leurs jours sont comptés.
                 
L'histoire, qui parait un peu énorme de prime abord, a de quoi surprendre! Des ados envoyés seuls dans l'espace c'est déjà un peu perturbant mais si en plus ils sont destinés à y mourir à cause d'un complot orchestré par la production et sa vénéneuse présentatrice, c'est trop! Pourtant. On se laisse complètement emporter par l'histoire, l'univers de la télé-réalité, les personnages et les speed-dating qui rythment l'ensemble. Chaque candidat a en effet six minutes, une fois toutes les six semaines, pour parler avec un autre candidat du sexe opposé et faire ainsi son choix avant leur atterrissage sur Phobos.
                  
Qui sera l'élu du coeur de Léonor, l'héroïne du livre? Le romantique Américain ou le ténébreux brésilien? Mais surtout, comment réussiront-ils à sortir de ce guêpier intergalactique? Suspens! Et suspens efficace, d'autant que les dernières pages du livre le font encore monter d'un bon cran ! 
                 
Victor Dixen décrit là un monde parfaitement cynique, à double visage et corrompu, où politique, business et médias agissent de concert et en toute impunité. Un monde qui fait froid dans le dos mais qui s'avère tout à fait vraisemblable. 
              
Totalement divertissant et accrocheur, le premier tome de cette dystopie originale réussit son pari puisque, pour ma part, j'ai très envie d'en connaître la suite! 

Phobos, tome1 : les Ephémères, Victor Dixen, Robert Laffont, "R", 2015

mercredi 4 novembre 2015

"Ma mère, le crabe et moi", Anne Percin

Anne Percin, je la retrouve toujours avec beaucoup de plaisir. Elle aborde n'importe quel sujet avec ce mélange de gravité et de pep's, d'émotion et d'humour, qui fait que même un roman qui traite d'un sujet grave, comme le cancer, est un plaisir. Dans Ma mère, le crabe et moi, l'héroïne, Tania Michaud, une "adote" de 14 ans, apprend en effet que sa mère est atteinte du cancer du sein. Jusque là, Tania se fichait un peu de sa mère - avec qui elle vit seule depuis le divorce de ses parents - se moquant allègrement de son blog "Lectures&Confitures" et de la vie qu'elle s'invente dessus! Mais tout change lorsqu'elle découvre la maladie de celle-ci. Tania, malgré la peur, commence à considérer sa mère sous un autre angle, l'admire même, et parvient à relativiser sur pas mal de choses. En deux mots : elle grandit.

En moins de 130 pages, Anne Percin nous raconte cette transformation pour la mère, évidement, mais aussi pour la fille. L'incompréhension, la colère, la tristesse, le courage et la combativité sont bien présents et racontés avec beaucoup de mordant ainsi qu'un langage très oral et imagé qui fait oublier la gravité du sujet sans pour autant le prendre à la rigolade! Drôle et juste, ce roman attachant est une belle leçon d'optimisme!


Ma mère, le crabe et moi, Anne Percin, éditions du Rouergue, 2015