mercredi 17 juillet 2013

"Demain je reviendrai" de Karine Epenoy et Séverine Salomon Blonde

Sur la couverture, une main d'homme qui s'agrippe à des fils de fer barbelés, et un titre : Demain, je reviendrai écrit sur un petit bout de papier à demi froissé et déchiré.
 
L'album raconte en quelques pages, le parcours d'un jeune homme fuyant son pays en guerre et où règne la misère. Aucun repère géographique ou temporel ne nous sont donnés; cette histoire pourrait se dérouler n'importe où, n'importe quand. Sur quelques bouts de papiers déchirés puis recollés, cet homme écrit son voyage, son rêve d'une vie meilleure, son évasion et sa reconduction à la frontière : "demain, je reviendrai". Le papier griffonné, chiffonné, déchiré, puis recollé, atteint ici une dimension presque métaphorique : c'est un carnet de bord mais c'est aussi ce qui manque à ce réfugié "sans-papiers" pour pouvoir trouver un refuge. De ce jeune homme on ne voit que les mains, comme si nous adoptions son regard. Par ce point de vue l'album nous invite à nous mettre à la place de cet homme et à nous interroger sur le sort réservé à ces personnes, enfermées dans des centres de rétention puis renvoyées dans leur pays.
   
A propos de cet album, il est écrit en 4e de couverture qu'il avait initialement été primé en 2008 au concours "Literratura jeunesse" organisé par le conseil général du Doubs. Par peur d'éventuelles représailles et de "procès d'intention et de tentative d'instrumentalisation de la jeunesse", le conseil général a renoncé. C'est donc 5 ans après que le livre a pu enfin être publié à l'Atelier du poisson soluble et en partenariat avec le collectif RESF (Réseau Education sans Frontières).
   
Un livre tout en sobriété, qui ne sombre à aucun moment dans le larmoyant et le sentimentalisme, et qui marque durablement.
             
Demain je reviendrai, de Karine Epenoy et Séverine Salomon Blonde, Atelier du poisson soluble, 2013